Déjà cité sans doute précédemment mais je retrouve cette feuille volante dans un livre jauni et légèrement abimé … alors voilà :
« …je gagne ma vie paisiblement, sans peine, en
faisant un travail régulier et facile pour lequel je ne risque pas du tout
d’être ennuyé gravement.
Tout a été soigneusement nettoyé et mis en place lorsque j’arrive ; quand je
ferme la porte et m’en vais, saluer mes chefs, aucun souci ne sort avec moi.
Ainsi je gagne ma vie qui s’écoule avec assez de lenteur et d’aisance, et que
je goutte beaucoup, à sa valeur. »
« Cependant le soir, libre de mon temps, je prends
conscience d’être un homme pensant : je lis et je réfléchis, réservant une
demi-heure à cet effet avant de dormir.
Dans ce moment, une amertume coutumière m’envahit et
je me prends à songer que je suis vraiment un être humain supérieur à sa
fonction sociale. Ma je dis alors une sorte de prière où je remercie la
Providence de m’avoir fait petit et irresponsable dan un si mauvais ordre des
choses.
Si la colère m’anime je me calme aussitôt, songeant à
cette fortune d’être placé, par mes intérêts comme par mes sentiments, dans la
classe qui possède la servitude et l’innocence.
Esclave je me sens plus libre qu’un maître chargé de
soins et de mauvaise conscience.
Je rêve quelque fois au monde meilleur que mon
enthousiasme refroidi me représente plus rarement depuis quelques années. Mais
bientôt je sens que je vais dormir.
Et je tourne encore mon esprit vers mon enfant qui me
lie à l’ordre social et dont l’existence aggrave ma condition de serf. Je pense
aussi à cette femme…Alors ma respiration devient tout à fait régulière car la
tranquillité m’apparaît comme le seul bien souhaitable, dans un monde trop
méchant encore pour être capable de se libérer, d’après ce que disent les
journaux. »