vendredi, avril 25, 2008

LA CLEPSYDRE

LA CLEPSYDRE"
Film de Wojciech Jerzy Has, 1973

À voir si vous voulez rire un peu ... ( nan j'déconne, c'est vendredi ...mais c'est à voir !!! Là je déconnais pas ! C'est dur l'humour !)

Tiré du site : www.culture.pl

" Józef arrive au Sanatorium à la Clepsydre, dirigé par le docteur Gotard où se trouve son père mort, revenu à la vie mais transféré dans une autre dimension temporelle. Józef fait un voyage dans "différentes boucles du temps passé", les années de son enfance et des rêves fantastiques. Sa maison familiale renaît, le magasin de son père, la ville juive, les images rappelées par une collection de timbres défilent, ainsi que les histoires de romans parus en feuilletons dans les journaux, le jardin extraordinaire de la princesse Bianka qui est partie avec Rudolf, ami de Józef. À l'occasion d'une tentative de départ dans une autre boucle de temps, le monde des petites villes juives et de la culture juive s’avère détruit et désertifié après la tragédie de l'Holocauste.

"L'un des films polonais les plus beaux visuellement et les plus originaux. C'est une réflexion poétique au sujet du temps passé et du caractère irréversible de la mort. Has évoque sur l'écran le rêve universel, incrusté de brins de souvenirs d'enfance dans lequel différents éléments se sont mélangés: L’Autriche-Hongrie, la sous-culture des petites villes juives de l'est de la Pologne et les rêves d'un petit garçon." (Jan Slodowski [dans: ] Dictionnaire des films polonais, Varsovie 1997)

"Grâce à l'utilisation de la convention du rêve, le film gagne une unité de narration et en même temps une dimension poétique. En effet, il n'y a aucune référence précise au rêve, de sorte qu’aucune réalité extérieure ne s'oppose à la réalité du rêve. Seul le comportement de Józef révèle qu'il rêve. Józef donne l'impression d'un démiurge, il dépasse son père physiquement mais aussi dans la hiérarchie familiale; de même, il dépasse sa mère et presque tous les personnages du film, mis à part le conducteur et le docteur Gotard. Il passe par des situations et des scènes consécutives auxquelles il ne participe pas et il les quitte avant qu’elles ne se développent pleinement: il se passe des choses qui ne peuvent pas s'accomplir totalement. Elles sont trop grandes pour trouver place dans un évenement et trop fantastiques. Les choses essaient seulement d'advenir (Bruno Schulz, "Le Livre"). Les gestes d'apparence banale comme le fait de regarder à travers une fenêtre givrée, de ramper sous le lit, de se baisser pour chasser un papillon, d'escalader un mur, provoquent des conséquences non prévues: soudain Józef se trouve ailleurs, transféré dans un nouvel espace du rêve, jouxtant secrètement le précédant. C'est donc le temps qui peut devenir le héros principal du film." (Anne Guerin Castell, Kwartalnik Filmowy, 1997)

"Dans les écrits de Schulz, la mort est pratiquement absente, dans le monde qu'il crée, il n'y a pas de place pour elle: les gens et les objets sont présentés dans une continuité de métamorphoses, ils sont eux-mêmes mais ils peuvent devenir quelqu'un d'autre, ils sont l’annonce de leurs incarnations suivantes, dont on ne voit pas l'issue. C'est pourquoi, il serait difficile d'introduire, dans les limites de ce monde, des faits aussi irréversibles que la mort. [...]

Wojciech Has, décidé à présenter sur l'écran les écrits de Schulz, a dû se rapporter à un fait essentiel: le cataclysme de la dernière guerre a anéanti les petites villes de l'est de la Pologne avec leurs habitants; il n'y a plus de greniers, de caves et de magasins qui permettent de plonger en toute sécurité dans des espaces de temps immobiles; la continuité de métamorphoses a été irréversiblement coupée. Il n'y a plus de suite. Tout 'était' mais 'ne l'est pas' et 'ne sera plus'. Apparemment, Has a décidé de réaliser un film d’après Schulz mais aussi, en quelque sorte, contre lui: au-dessus de la ville du rêve de cet éminent écrivain, il a étendu l'horizon de la catastrophe inéluctable. L'ombre du cataclysme couvre tout. [...]

Mais Has a gardé – ce qui paraît très étonnant dans ce contexte - l'humour surréaliste des écrits de Schulz. Józef, ce voyageur serein, impassible, traînant dans des espaces arrachés pour un instant à la mort, se trouve dans des situations qui ne s'harmonisent pas vraiment avec la gravité du moment. [...]

La tonalité de l'oeuvre de Has a changé, car la fin de la fin des choses a été dévoilée, car l'élément d'irréversibilité est entré par force dans le monde de rêve de Schultz, tissé d’une matière légère, incertaine. Cette tonalité est devenue plus acérée, plus violente: Has utilise plus souvent le contraste que l'infiltration: l'immobilité est chez lui plus mortelle; le mouvement – plus convulsif; l'exotisme – plus coloré; le passé réanimé, plus imposant; les intrigues fantastiques tirées des secrets des timbres postaux plus 'cinématographiques'. Tandis que les écrits de Schulz ont la couleur du 'gobelin' passé.

'La Clepsydre' de Has surprend par une couleur pâle annonçant la mort, ou plutôt: par un retour maladif et un peu artificiel de la vie. Tout s'intensifie, d'un côté, tout devient plus horrible et de l'autre, plus attrayant." (Konrad Eberhardt, "Kino", 1973)

SANATORIUM POD KLEPSYDRĄ / LA CLEPSYDRE. Réalisation: Wojciech Jerzy Has, scénario Wojciech Jerzy Has d'après la prose de Bruno Schulz, prise de vues Witold Sobocinski, musique Jerzy Maksymiuk, décors Jerzy Skarzynski, Andrzej Plocki, costumes Lidia et Jerzy Skarzynscy. Interprétation Jan Nowicki (Józef), Tadeusz Kondrat (le père), Irena Orska (la mère), Gustaw Holoubek (le docteur Gotard), Bozena Adamek (Bianka), Mieczyslaw Voit (le conducteur aveugle), Ludwik Benoit (Szlom), Filip Zylber (Rudolf), Halina Kowalska (Adela), Henryk Boukolowski, Tadeusz Schmidt. Production: Atelier du Film Silesia, Lodz 1973 couleur, 35 mm, 3384 m, 119 mn

Prix:

* Prix Spécial du Jury au Festival International de Cannes
* Grand Prix au Festival International de Trieste
* Prix du meilleur décor au Premier Festival du Film Polonais de Gdansk. "


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